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          Épargner pour acquérir un logement : est-ce toujours la priorité ?

          Epargne logement

          La hausse des prix immobiliers et la crainte d’une dette trop élevée entraîneraient des changements de comportements chez les ménages qui ne sont pas encore propriétaires. La plupart d’entre eux reportent l’achat d’un logement à plus tard, épargnent sur une plus longue période et n’ont plus l’accession à la propriété comme première priorité. C’est ce qui ressort de la dernière étude menée par le groupe ING sur les prêts immobiliers.

          Le constat est clair et net. Épargner pour devenir propriétaire n’est plus la première priorité des ménages. Pour 81% des personnes sondées qui ne possèdent pas encore un logement, que ce soit en Europe, aux États-Unis ou en Australie, d’autres objectifs financiers sont devenus plus importants comme payer les frais liés à l’éducation, élever une famille, louer un logement décent et pratique ou disposer de suffisamment d’argent pour ses loisirs. Les voyages remporteraient notamment une part non négligeable des suffrages. Si ce résultat s’explique en partie par l’importance croissante des loisirs dans la vie quotidienne des gens, la baisse des tarifs des billets d’avion et de nouvelles manières de se loger ailleurs que dans des hôtels pendant les vacances, le principal motif de ces changements de comportements est dû au marché de l’immobilier.

           

          Un marché immobilier en pleine métamorphose

          Celui-ci connaît en effet depuis quelques années une profonde évolution, ce qui n’est pas sans conséquence sur le moral et l’attitude des candidats-acheteurs. La hausse des prix immobiliers est actuellement supérieure à celle des salaires – 4,2% contre 3,2% en moyenne en Europe au deuxième trimestre 2019. Le sentiment général est que cette croissance ne s’arrêtera jamais – près de 90% des résidents luxembourgeois s’attendent à ce que les prix continuent à monter au cours des douze prochains mois. Les taux d’intérêt des prêts hypothécaires très bas font craindre qu’ils ne repartent bientôt à la hausse. Autant d’éléments qui font dire à la majeure partie des personnes interrogées qu’acheter son premier logement devient de plus en plus difficile.

          Près de 89% des résidents luxembourgeois seraient ainsi découragés par les prix élevés de l’immobilier et 74% d’entre eux redouteraient de contracter une dette trop importante. D’après l’agence de notation financière Moody’s, les montants de la dette nécessaire pour acheter une habitation ont en effet augmenté ces dernières années. Elle a ainsi analysé en 2019 l’accessibilité à la propriété dans les dix villes les plus importantes d’Europe : Amsterdam, Berlin, Dublin, Francfort, Londres, Lisbonne, Madrid, Milan, Paris et Rome. Selon ses calculs, il faudrait aux primo-acquéreurs épargner l’équivalent de 15 années de revenus disponibles pour s’offrir un logement sans recourir au crédit contre 12 années seulement pour la période 2005-2007[1].

           

          Acheter de plus en plus tard

          La crainte de contracter une dette trop lourde serait telle que 38% de l’échantillon (et des Luxembourgeois) ne pensent pas pouvoir un jour être capables d’acheter. Quant à ceux qui sont décidés à acheter, ils comptent le faire beaucoup plus tard, lorsqu’ils auront acquis une épargne suffisante. Ainsi, les 25-34 ans s’attendent à acquérir leur premier logement bien au-delà des 35 ans.

          Cela étant, même si l’accès à la propriété est perçu comme de plus en plus difficile, la majorité veut devenir propriétaire de son logement, y compris pour ceux qui estiment ne pas en être capables financièrement au vu de la situation actuelle. Tous âges confondus, sept Européens sur dix – 82% au Luxembourg – pensent qu’il vaut mieux être propriétaire que locataire. Les raisons ne sont pas uniquement pécuniaires. De nombreuses études ont en effet démontré que la décision d’acheter est souvent due à des motivations d’ordre émotionnel. L’accès à la propriété apporte des sentiments de stabilité, de sécurité, de liberté et d’indépendance.

          Faut-il en déduire que plus en plus de ménages risquent d’être frustrés à l’avenir dans leur désir d’avoir leur petit nid familial même s’ils modifient leur manière d’épargner ? Pas nécessairement. Ainsi, au Luxembourg, la fiscalité est incitative, les taux d’intérêt restent toujours très bas et le gouvernement a pleinement conscience de son rôle d’acteur clé du secteur immobilier.  

           

          Retrouvez tous les conseils des experts ING.

           


          [1] European city living gets less affordable, Financial Times, 30 mai 2019.