


Présent sur le territoire luxembourgeois depuis 13 ans, David Laloux est à la tête du cabinet d'architecture Groupe L. Avec deux collaborateurs, Elise Kesteloot, architecte d'intérieur, et Michel Schnatz, responsable technique, il nous a fixé rendez-vous dans ses bureaux, situés à Howald. L'occasion de discuter, avec eux, de projets réalisés, et de leur profession de manière générale.
D’emblée, une question nous brûle les lèvres : une micro-équipe pour mener de multiples missions, n’est-ce pas handicapant ? La réponse fuse ! "Absolument pas, même s’il est vrai que nous travaillons également avec deux architectes freelance". Au contraire, être peu nombreux constitue même une force : "nous prenons plaisir à faire notre travail, nous sommes de véritables passionnés qui l’abordons de façon ludique. Puis cela nous permet de dialoguer constamment et de pouvoir partager nos idées. Nous n’avons pas toujours la même vision, les mettre en commun nous permet donc de prendre des directions auxquelles nous n’aurions peut-être pas pensé".
Autre avantage pour le Groupe L, et c’est indéniablement un plus pour les clients, c’est de proposer un suivi personnalisé : "nous proposons un choix de missions à la carte pouvant s’étendre jusqu’à la création de mobilier unique et sur-mesure".
Des projets au Luxembourg… et bien plus loin encore !
Si son envie d’exercer la profession d’architecte, il l’a depuis l’âge de 8 ans ("je n’ai pas le souvenir d’avoir voulu faire autre chose"), David Laloux ne se prédestinait pas, en revanche, à rester au Luxembourg : "ça ne devait être qu’un arrêt provisoire car je souhaitais partir en Australie, je rêvais d’aventure. Finalement, c’est au Grand-Duché qu’elle se déroule ! Une fois qu’on y est, il est difficile d’en partir, tant la qualité de vie y est incroyable".
L’étranger, cependant, il en est question dans les projets de construction menés par le Groupe L, puisqu’il en réalise un peu partout en Europe : "nous avons reçu des demandes de personnes souhaitant faire construire en dehors des frontières luxembourgeoises, ainsi que de personnes étrangères désireuses de s’établir ici" commente David Laloux. D’où l’idée de nouer des partenariats avec des bureaux de Bruxelles, Londres, Rome, ou encore Malaga. "Ce sont tous des architectes que je connais personnellement. Etant donné qu’il est impossible de se rendre régulièrement sur ces chantiers, c’est impératif pour nous de travailler avec des acteurs locaux compétents". Pour les clients, nul besoin, non plus, de se déplacer : leur projet, entre de bonnes mains, sont ainsi gérés directement depuis le Luxembourg.
Résultat des courses : des missions à effectuer aux quatre coins du vieux continent, dont l’une récemment, dans la capitale belge : "le terrain du client possède une forte déclivité à 45 degrés, ce qui constitue une contrainte relativement importante. Dans ce paysage extrêmement boisé, une poche naturelle existait déjà. C’est là que nous avons implanté l’habitation, de manière à respecter le terrain un maximum et à abattre un très faible nombre d’arbres. La surface exploitable pour un jardin était minime mais, afin que les habitants puissent profiter de l’extérieur, nous avons imaginé de grandes terrasses en hauteur. Elles sont accessibles depuis chaque étage de vie, et en connexion directe avec le terrain naturel."
Les maisons unifamiliales n’occupent cependant pas la majorité des projets menés par le Groupe L, qui réalise davantage des immeubles à appartements, mais aussi des bureaux, des commerces, ou encore des projets d’aménagement particulier (PAP). Parmi ceux-ci, un logement qui en possède 45, situé rue de Mühlenbach à Luxembourg. Ici encore, une mission menée de main de maître. "Le bâtiment est situé sur deux rues, et la déclivité est flagrante puisqu’entre le point le plus bas et celui plus haut des deux voiries, il existe une différence de 17 mètres. Nous avons donc dû nous adapter car, bien évidemment, nous ne pouvions pas construire d’appartements en sous-sol. Autre spécificité, chacun d’entre eux est unique, il n’y en a pas deux similaires. Nous ne sommes pas partisans du copier/coller, nous voulons que chaque acquéreur ait un bien exclusif, complètement différent de celui de son voisin".
La nécessité de s’adapter aux contraintes
Le maître d’ouvrage, lors d’un premier rendez-vous, sait-il déjà ce qu’il veut ? La plupart du temps, la réponse est oui constate David Laloux. "Certains arrivent même avec un croquis de l’habitat qu’ils souhaitent. C’est sympa car cela nous permet déjà de cerner leurs attentes. Même si le résultat final, lui, est rarement identique à leur dessin".
Car entre les désirs du client et la réalité, il existe bel et bien un fossé. Leurs besoins doivent impérativement être pris en compte, tout comme la faisabilité de ce qu’ils souhaitent. Les trois collaborateurs sont formels : ils sont nombreux à avoir des envies qui sont complètement irréalisables.
Deux raisons à cela : la technologie mais, aussi, leur budget. "Les gens arrivent chez nous en sachant avec exactitude ce qu’ils veulent mais, après coup, ils se rendent compte que leur enveloppe budgétaire prévue n’est pas suffisante. Ensemble, nous nous attelons donc à trouver un juste compromis entre ce qu’ils désirent et leur budget".
Cela peut compliquer le travail des architectes, qui vont peut-être avoir plus de difficultés à innover, d’autant que les réglementations viennent également leur mettre des bâtons dans les roues. "Techniquement parlant, c’est devenu complexe de construire, nous ne pouvons plus faire ce que nous voulons. Les règlements sont un frein à l’innovation architecturale. A l’instar de cet immeuble à appartements de Neudorf, construit il y a quelques années sur un terrain à forte déclivité. Pour s’adapter à sa typologie, nous l’avons construit en escalier. C’était permis à l’époque, ce qui n’est plus le cas désormais. Si le projet nous avait été attribué à l’heure actuelle, il aurait donc été totalement différent ".
"Mais finalement, au plus il y a de contraintes, au plus le projet est intéressant poursuit David Laloux. « Les exigences actuelles nous obligent à réfléchir différemment. Nous devons bousculer les codes ! Prenez par exemple les murs et leur épaisseur. Les gens sont formatés et habitués au mode de construction dit standard. De manière à construire des bâtiments de plus en plus autonomes et respectueux de l’environnement, la quantité et l’épaisseur des isolants se sont accrues. Cela a eu pour conséquence d’épaissir les murs, au détriment de la surface habitable. Notre rôle est donc de réfléchir au mode de construction le plus adapté pour offrir un certain confort de vie aux habitants du logement, et ce tout en respectant la réglementation."
Penser pratique autant qu’esthétique
L’objectif premier est de faire en sorte que le client se sente bien dans son habitation. Pour cela, il faut savoir se mettre à sa place et bien cerner ses besoins, d’autant plus s’il est l’utilisateur final. Un travail de collaboration entre lui et les professionnels donc, qui vont tenter de comprendre au mieux son quotidien afin de lui proposer le bien le plus adéquat. "Pour faire simple, on peut comparer cela à des chaussures : une femme va vouloir une paire de talons aiguilles de 12 centimètres car elle la trouve jolie. Après quelques heures debout, elle va finalement se rendre compte qu’elles sont inconfortables, et opter pour un modèle plus pratique qui lui permet de se déplacer facilement. C’est pareil pour une habitation : elle doit correspondre à l’utilisation que vous allez en faire quotidiennement, vous ressembler, surtout qu’il s’agit d’un investissement conséquent" explique Michel Schnatz.
Pour se livrer complètement et obtenir une construction en adéquation avec son mode de vie, un lien de confiance doit s’établir entre le maître d’ouvrage et l’architecte. D’autant que le temps passé ensemble va durer plusieurs mois, parfois même s’étendre sur plus d’une année : cela pour "accoucher" d’une construction qui, elle, va rester dans le paysage pendant des décennies.
Une trace architecturale qui va perdurer dans le temps, impossible à cacher, et synonyme d’une époque. C’est pour cela, résume David Laloux, que j’aime dire qu’en tant qu’architecte, nous avons une triple responsabilité : elle est non seulement économique, mais aussi sociale et culturelle.
Groupe L.
304a route de Thionville
L-5884 Howald / Hesperange
Téléphone : (+352) 28 77 12 17
www.groupe-l.com